Yaël

Nous n’étions pas riches en moyens financiers et logions dans une cité HLM loin de toute beauté. Je crois que c’est ce qui donnait à notre vie le désir de s’évader vers le BEAU.
Déjà au sein du foyer familial mon papa égrenait sur son piano les morceaux si merveilleux de compositeurs tels Chopin, Ravel, Mozart, Granados, De Falla… De ma position, allongée sous le piano, je m’égarais avec délectation dans l’imaginaire visuel de ce que sa magistrale
interprétation générait.
Le dimanche nous partions vers des « contrées » qui pour nous, tous petits, paraissaient lointaines, mais n’étaient parfois qu’à quelques kilomètres. Il nous faisait découvrir musées, châteaux, paysages, curiosité autre… Maman – que nous nommons Mamipédia, tant sa culture et sa mémoire sont incroyables – faisait le guide. Elle était aussi la pourvoyeuse du picnic qui faisait partie de la joie de ce nourrissement autant intellectuel que physique.
Papa était aussi photographe. C’était un grand amateur d’art, de gadget et de technologie mais surtout un obsessionnel du détail, de la lumière de la beauté. Et même si ses passions retiraient des moyens au ménage, vous l’aurez compris, j’étais une Fan dont l’Œdipe a mis longtemps à se dissoudre. Il possédait les appareils photos qui par leur nom et la façon dont ils les traitaient nous emplissaient de respect et de crainte : RolleyCord, Minolta, Canon, … Autant de noms qui nous semblaient magiques. Nous pouvions ainsi profiter de son œil d’artiste lors de séances Diapo familiales…
Comment ne pas remercier la vie de m’avoir offert au berceau la possibilité d’ouvrir tous mes organes des sens à cette transmission et l’attrait qui en découle pour la Nature, le Beau, les Monuments… Avoir eu de plus, une curiosité nourrie par le savoir parallèle de maman.
Après les études « de tout un chacun », mon existence pro a forcément débuté par la musique et plus exactement le Lyrique. Conservatoire d’Asnières puis consécration en entrant dans l’antre élitiste du Conservatoire National supérieur de Paris où j’ai obtenu mes premiers prix.
J’ai ensuite poursuivi, mue par un besoin de savoir, par l’Orthophonie, puis par la Médecine Chinoise. A chaque étape j’ai cherché à en savoir plus déjà sur qui je suis et ce que je suis. Cela s’est transformé en : comment apporter du bien-être, voire du bonheur, autour de moi ?
Je suis donc une spécialiste de la voix, formatrice de coachs vocaux et… peintre, photographe ! Mes parents sont bien âgés et beaucoup des membres de ma familles ou d’amis ne peuvent se déplacer, voyager et parfois ont des soucis de santé si invalidants qu’ils ne pourront plus voir ce que le Créateur et parfois l’ingéniosité ou l’art de l’humain ont permis d’admirer. Je me sens donc toujours le devoir de créer ce lien de beauté et d’amour pour eux, par le biais de la surprise que m’offre l’univers lors de ces brefs instants captés lors de mes balades ou voyages. La question de tout un chacun lorsque l’on voit les nombreux albums et livres de photos que j’ai « commis » : quel appareil utilises-tu ? Comme je ne sais mentir (quel intérêt d’ailleurs…) car je remercie, à chacune de mes escapades, les créateurs de ces outils légers et de plus en plus performant que sont les Smartphones !!! Oui c’est lui mon compagnon quotidien. C’est le smartphone qui me permet de shooter là où mes pas me portent… Pourquoi ? Parce que je ne sais jamais dès que je mets un pied dehors ce qui s’imposera à mon œil… De terribles douleurs d’épaule m’ont fait, à un moment, troquer l’appareil trop lourd contre ce type d’objectif. Grâce au Ciel ils deviennent de plus en plus fidèles à ce que l’œil capte. Je n’ai donc aucune honte à assumer que je suis une photographe du 21 ème siècle qui peut, grâce à une technologie qui évolue vite, capter la beauté du monde et l’offrir aux yeux de ceux qui n’ont pas cette chance de pouvoir se déplacer pour en jouir.